
Karim Jouini a 29 ans. Diplômé en Ingénierie en Informatique Généraliste de l'Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse et ayant suivi une formation en Intelligence Artificielle et en Machine Learning, il a fondé Expensya en juin 2014. Il s'agit d'une application qui permet de gérer les notes de frais d'un employé ou d'une entreprise. C'est une solution moderne aux infinis tableaux et aux piles de papier et de factures entassées sur le bureau.
Wajjahni s'est entretenu avec Karim pour parler de son expérience entrepreneuriale, de son parcours et de Expensya.
Wajjahni: Quelle était votre première expérience entrepreneuriale?
Karim Jouini: J'avais 16 ans, j'ai travaillé dans un publinet. A l'époque, je gagnais dans les 180dt par mois. C'était un travail très manuel et les gens posaient tout le temps les mêmes questions. Je devais enregistrer les entrées et sorties de chaque client, ce système n'était pas fiable car il y avait des gens qui me disaient "non je ne suis pas resté autant de temps" ou encore "j'ai pas allumé l'ordinateur a cette heure-ci", du coup j'ai trouvé que c'était améliorable et j'ai crée un logiciel de gestion dans ce publinet pour me simplifier la vie tout simplement. C'était un logiciel qui bloquait l'écran et que je pouvais débloquer moi-même pour contrôler l'utilisation des machines. Je me suis rendu compte que les gens étaient prêts à me payer 150dt la copie à l'époque et du coup j'étais le "roi du pétrole" à 16 ans ! J'ai fait le tour de Tunis et j'ai vendu ce logiciel à beaucoup de monde. Je gagnais 300dt par semaine. Un an plus tard, on me payait 150dt pour la mise à jour.
Wajjahni: Après avoir terminé vos études, quel était votre parcours professionnel ?
Karim Jouini: J'ai toujours cherché ce que je voulais faire. J'ai eu plusieurs expériences entrepreneuriales. J'ai notamment travaillé pour Parrot (Parrot est co-propriétaire de la licence Bluetooth) et c'était une superbe expérience de voir comment travaillait une boite de développement à l'échelle européenne. Mais c'était principalement du Hardware et j'ai compris que ce n'était pas ça que je voulais faire. Je suis donc parti aux États-Unis pour travailler chez Microsoft pendant quelques mois. Microsoft a ensuite racheté une startup à Paris et j'y suis revenu. À l'époque, le problème de Microsoft était que leur travail était très centralisé. Les grands axes de l'ingénierie étaient les États Unis, l'Inde et la Chine donc ils étaient dans une politique de rachat de startups Européennes dont Skype et la boite dans laquelle je travaillais à l'époque. Peu de temps après, j'ai tout quitté en France pour fonder Expensya en Tunisie.
Wajjahni: Comment avez-vous eu le "déclic" pour quitter Paris et revenir en Tunisie ?
Karim Jouini: L'équation est un peu compliquée et il y avait beaucoup de facteurs: la famille, le challenge, l'envie d'essayer autre chose et d'avoir un impact ici. C'est beaucoup plus excitant de lancer une startup en Tunisie qu'en France. C'est aussi une question d'argent. En France je n'aurais pas pu recruter une grande équipe car ça coûte cher, et je savais que j'avais besoin d'une équipe assez solide. C'était aussi une partie de ma carrière où je commen&c ...